Changer d’avis n’est pas forcément facile à assumer, mais c’est plutôt sain quand on travaille dans le domaine de la santé. Aujourd’hui on pense savoir tellement de choses sur le corps humain mais je suis de ceux qui pensent qu’on en sait finalement assez peu ! Il y a tant de choses à découvrir encore… En nutrition en particulier, il est important de garder l’esprit ouvert et de ne pas rester positionné sur des affirmations qu’on affiche en dogmes en pensant avoir tout compris. En tout cas c’est mon avis.
Dans cet article, je vous partage avec humilité certaines choses que je pensais être vraies il y a encore quelques temps, desquelles j’ai finalement divagué. Ainsi mon discours d’il y a des années n’est pas le même qu’aujourd’hui, et c’est bien naturel : avec le temps, on continue de se former, de s’informer, de se tenir à jour des nouvelles découvertes, et surtout de rencontrer des clientes aux profils toujours plus différents, et à expérimenter avec sa propre santé. Forcément tout cela amène à changer de point de vue et à changer d’avis ! Et je parie que dans quelques années j’aurais encore adapté mon discours.
« Il faut manger plant-based »
Plant-based = à base de végétaux, autrement dit une alimentation essentiellement composée de végétaux. C’est une façon de s’alimenter dont on parle beaucoup dans les cursus de nutrition, qui est encensée dans de nombreux livres… c’est donc tout naturellement que j’ai été amenée à l’explorer. Je pensais qu’on pouvait obtenir tous les nutriments nécessaires à condition de faire les bonnes combinaisons et de prendre quelques compléments alimentaires ciblés. Et que c’était une façon de prévenir de nombreuses maladies. Aujourd’hui j’ai changé d’avis, et si je pense que les végétaux doivent faire partie intégrante de l’alimentation, je pense que les produits animaux de qualité ont toute leur place dans nos assiettes au quotidien. Car en pratique :
- beaucoup de nutriments présents en quantité dans les végétaux sont trop peu absorbés à cause des phytates et autres anti nutriments ;
- d’autres nutriments sont présents dans les végétaux sous des formes inactives et requièrent des transformations en forme active une fois dans notre corps. Sauf que ces transformations ne se font souvent pas de manière très efficace ;
- les protéines végétales ne sont pas nécessairement composées des mêmes acides aminés que les protéines animales. Ceux qu’on retrouve en quantité et bien absorbés dans les protéines animales et pas tant que ça dans les protéines végétales sont pourtant essentiels de nombreux égards ;
- les aliments qu’on nomme « protéines végétales » sont la plupart du temps des aliments davantage riches en glucides (= sucres) qu’en protéines. Manger suffisamment de protéines végétales requiert souvent de manger de très grandes quantités de glucides, ce qui perturbe souvent la glycémie, une des pierres angulaires de l’inflammation ;
- le cholestérol qu’on trouve dans les produits animaux est la matière première sans lesquelles les hormones ne peuvent pas être produites, les cellules ou encore le cerveau ne peut pas fonctionner correctement. On en a vraiment besoin !
« La viande est inflammatoire »
Oui, la viande contient certains acides aminés potentiellement inflammatoires (notamment concentrés dans leurs muscles) et une quantité importante de fer qui devient oxydant quand il est présent en excès dans notre organisme.
Mais si on mange l’animal en entier (“nose to tail” comme on dit en anglais, i.e. toutes les parties de l’animal y compris les organes, cartilage, moelle, le gras etc), on trouve un équilibre qui inhibe le potentiel inflammatoire et qui nous nourrit à 360 : acides aminés complets, vitamines du groupe B au complet, vitamines actives (vitamine A sous forme de rétinol – vitale pour la bonne utilisation et le bon métabolisme du fer ce qui évite l’accumulation du fer – et non de beta carotène, vitamine K2 et non K1, omégas 3 actifs et non précurseurs), présence de choline, de collagène, ou encore de nombreux minéraux et antioxydants (molécules au potentiel anti-inflammatoire)…
Par ailleurs la viande n’est inflammatoire que si elle est de piètre qualité : forcément si l’animal a mangé des farines ultra transformées non adaptées à sa physiologie, reçu une tonne d’hormones, d’antibiotiques et autres traitements, vécu dans un environnement stressant et insalubre… alors oui la qualité des produits issus de l’animal sera inflammatoire, c’est sûr. Mais si par exemple la vache a été nourrie à l’herbe l’été et au foin l’hiver, qu’elle a vécu paisiblement en extérieur, qu’elle a reçu un minimum de traitements… alors l’histoire est totalement différente.
« Il faut manger moins pour perdre du poids »
La nutrition et le métabolisme, c’est infiniment plus compliqué que simplement des quantités et des calories, i.e. du potentiel énergétique. C’est beaucoup plus compliqué que ce qu’on ingère versus ce qu’on dépense, ce qui rentre versus ce qui sort.
Par exemple, manger moins = fournir moins de micronutriments (vitamines, minéraux etc) à nos cellules qui sont alors incapables de fonctionner correctement, puisque ces micronutriments sont leur carburant.
Cela met notre corps en situation de stress physiologique. On produit du cortisol qui recrute du sucre dans le sang pour pallier à l’absence ou insuffisance d’apport énergétique via l’alimentation. Ce qui crée de l’inflammation, elle-même favorisant la prise de poids et la difficulté à en perdre. Littéralement le corps est affamé, et dans une telle situation il va tout faire pour conserver le maximum d’énergie pour pouvoir survivre dans ce contexte stressant !
Cela passe par une adaptation de la fonction thyroïdienne qui, pour conserver de l’énergie justement, et donc en dépenser moins, va se mettre au ralenti. Cela encourage la prise de poids et la difficulté à en perdre, entre autres déséquilibres et symptômes multiples.
Pour réguler le poids, le point de départ serait de se focaliser sur une alimentation réellement nutritive (dense en micronutriments) pour que le corps dispose de tout ce dont il a besoin pour nous faire fonctionner.
« Le travail sur le stress et les émotions est secondaire »
Pour moi, la nutrition c’était le plus important. Mais j’ai appris à mes dépens que si la nutrition était en effet absolument fondamentale, elle ne dispensait personne de travailler sur son système nerveux et ses émotions.
Déjà, en situation de stress même moindre (et on peut être stressé de manière chronique et sous-jacente sans s’en rendre compte !), le corps alloue nos ressources à gérer ce stress plutôt qu’à digérer correctement. On aura beau manger tout ce qu’il faut et prendre les bons compléments alimentaires, en situation de stress même moindre on n’absorbera pas grand chose. Résultat, les efforts nutritionnels seront dans une certaine mesure vains.
Ensuite, le stress génère de l’inflammation chronique qui perturbe l’ensemble de notre organisme. On aura beau utiliser la nutrition comme un outil pour réparer ces déséquilibres, le stress et l’inflammation continueront de créer un problème permanent que la nutrition ne pourra pas régler.
Des pages et des pages seraient requises pour parler plus amplement de ce sujet fondamental, mais à mes yeux ces deux raisons sont plus que suffisantes pour nous ouvrir les yeux sur l’importance cruciale de travailler sur notre système nerveux, le stress et nos émotions au quotidien.
« Une prise de sang permet d’évaluer le statut nutritionnel »
Une prise de sang mesurant les vitamines et minéraux peut grandement nous induire en erreur…En effet :
- une prise de sang ne montre qu’un « snapchot » à un instant t, ce qui est très réducteur ;
- le sang ne contient qu’1% du magnésium du corps, qu’1% du calcium du corps, le reste devant se trouver dans les cellules justement, dans les os… ce qui n’est pas très révélateur finalement ;
- la santé ne se passe pas dans le sang, elle se passe dans les cellules. Or la teneur en vitamines et minéraux du sang n’est PAS un miroir de la teneur nutritionnelle au sein de la cellule ;
- en effet, le sang est un véhicule censé délivrer les nutriments aux cellules, or on peut avoir beaucoup de zinc dans le sang mais le zinc ne rentre pas forcément dans les cellules (c’est très courant !).
Bref, une prise de sang parfaite peut tout à fait cacher des carences cellulaires parfois creusées. Je le vois systématiquement en consultation, quand on réalise un test de cheveux (HTMA) qui analyse 35 éléments dont 28 minéraux et 7 métaux lourds, le tout au sein de la cellule, dans une période de 3 à 4 mois. Un test beaucoup plus pertinent à mes yeux pour évaluer le statut nutritionnel réel (cellulaire !). Mais qui requiert un praticien formé et expérimenté pour l’interpréter correctement.
« Il faut éviter les produits laitiers »
« Produits laitiers = inflammation ». C’est l’idée reçue largement intégrée dans nos esprits. Alors en effet :
- des produits laitiers de mauvaise qualité (vaches élevées dans de piètres conditions, avec une alimentation déplorable, élevées aux antibiotiques ou autres médicaments) vont forcément être inflammatoires et intervenir dans nos soucis de santé.
- des produits laitiers débarquant dans un système digestif “destroy” avec plein de déséquilibres vont forcément être mal digérés et causer (ou en réalité alimenter / renforcer) de l’inflammation digestive.
- des produits laitiers homogénéisés et pasteurisés se retrouvent dénués de ce qui en fait des aliments particulièrement intéressants sur le plan nutritif : dégradation des protéines, des vitamines et minéraux, des enzymes, bonnes bactéries et immunoglobulines naturellement présentes dans le lait cru…
Mais si on consomme des produits laitiers issus de vaches élevées à l’herbe/au foin et en pâturage bio, et qui plus est non pasteurisés (i.e. crus), et qu’on a un système digestif robuste et en bonne santé, alors ils deviennent tout de suite plus intéressants, et pas si inflammatoires finalement.
Alors naturellement, éviter les produits laitiers (même de qualité et crus, i.e. non pasteurisés) pendant un temps chez les personnes présentant des soucis au niveau du tube digestif, et donc potentiellement aussi des désordres hormonaux (hormones et digestion sont intimement liées) peut avoir une utilité. Mais chez les personnes en santé, ils peuvent représenter un apport nutritionnel particulièrement intéressant.
« Le café est mauvais pour la santé »
Le café, c’est du stress liquide. Autrement dit, ça génère une réaction de stress physiologique via la production de cortisol, la perturbation de la glycémie, l’activation du système nerveux sympathique (notre “mode” stress). Résultat, ça nous booste et on pense que ça nous donne de l’énergie, mais en réalité ce coup de fouet relève du fait qu’on tient « sur les nerfs ». Ce qui n’est pas viable à long terme si on en dépend.
Ceci étant dit, le café peut tout à fait nous apporter beaucoup de bénéfices, notamment des antioxydants, et des bienfaits sur la santé hépatique, cérébrale et le métabolisme.
L’important relève donc :
- d’en mesurer la quantité et la fréquence, notamment en cas de glandes surrénales sur-sollicitées sur le temps long (le café va leur en demander encore + !) ou d’organisme globalement épuisé, auquel cas vaudrait-il peut-être mieux s’en passer le temps de retrouver la santé.
- d’être vigilant vis-à-vis de la qualité : exit les capsules pleines de perturbateurs endocriniens, la machine à café du bureau, les marques de masse, le café non bio… veillez à ce que le café ait été testé pour la présence/absence de mycotoxines, des toxines produites par des champignons, néfastes pour la santé, et pourtant très fréquentes dans le café (même bio et de qualité).
- d’avec quoi on le boit : exit les sucres et substituts de sucre par exemple, les laits végétaux faisant vriller la glycémie (comme le lait d’avoine) ou contenant multitudes d’additifs dont des huiles végétales de mauvaise qualité (regardez les étiquettes).
- d’éviter d’en boire le ventre vide, mais plutôt avec du gras/des protéines qui viendront faire effet tampon sur le cortisol et la glycémie (après un repas, ou avec du lait de coco ou du collagène par exemple).
« Les graines et oléagineux sont une bonne source de gras »
Les graines et oléagineux, une bonne source de gras ? En théorie oui ✔️. En pratique, ça dépend !
Le problème de ces gras qu’on appelle des PUFAs (poly unsaturated fatty acids), c’est qu’ils sont particulièrement instables, c’est-à-dire qu’ils s’oxydent, qu’ils rancissent, bref qu’ils se dénaturent rapidement au contact de la lumière du jour, de la chaleur et de l’oxygène. On imagine donc pourquoi la nature a prévu de les protéger au sein d’une coque solide difficilement cassable qui les protège des trois.
Quand on les achète déjà décortiqués, rôtis, broyés sous forme de purée ou de farine, ou pressés sous forme d’huile, leurs acides gras sont en réalité déjà en cours d’oxydation avant même qu’on ne les achète.
Ce pourquoi j’ai tendance à conseiller les amandes, noisettes, noix etc…
- fraiches, crues, dans leur coque à casser soi-même quand on peut ;
- à broyer soi-même minute si on veut les consommer sous forme de beurre/purée ou si on veut utiliser de la « farine » d’amandes par ex en pâtisserie ;
- en quantités raisonnables, par exemple 1 poignée par jour ;
- et je conseille d’éviter leurs huiles : même si c’est bio, pressé à froid, dans une bouteille en verre foncée et qu’on la conserve au frigo, il est probable que l’oxydation ait déjà commencé avant qu’on n’achète la bouteille.
Encore un vaste sujet qui nécessiterait de rentrer beaucoup plus dans le détail, mais voici l’essentiel.
Que pensez-vous de tout cela ? Avez-vous vous aussi changé d’avis sur des sujets nutrition à mesure que le temps passe ?
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