Hiver

Chaque année, ça ne manque pas. Octobre arrive et de nombreuses clientes me disent qu’elles commencent à déprimer, qu’avec ce temps il est difficile d’avoir le moral, que « c’est reparti pour l’hiver »… parfois malgré un travail nutritionnel bien complet. C’est pareil dans mon entourage, il y a un vrai shift d’humeur générale, et ce malgré toute la vitamine D qu’ils prennent en auto-complémentation. C’est comme si tout le monde entrait dans un tunnel dont ils étaient bien loin de voir le bout. 

Ce mood autour de moi a toujours été une énigme, car personnellement je n’ai jamais été affectée par le gris, la pluie, le temps maussade… Alors oui bien sûr l’été quand le soleil brille ça met direct de bonne humeur on ne va pas se mentir. Mais pour moi la grisaille et le froid ne me mettent pas de mauvaise humeur.

Puis vient janvier. J’ai l’impression que pour tout le monde sauf moi c’est le pire mois de l’année, c’est la plaie, c’est vraiment la corvée à passer… Alors que moi j’aime beaucoup janvier avec ce sentiment de « fresh start » car même si c’est la continuité de décembre et que rien ne change vraiment, c’est mon anniversaire et je commence une nouvelle année « solaire ». Et puis j’aime bien l’hiver, en tant qu’introvertie je trouve qu’il est plus facile de l’assumer à cette saison.

Pour comprendre pourquoi j’étais une des seules à ne pas avoir de coup de blues en hiver, j’ai lu, cherché, je me suis renseignée…

Contre toute attente, la conclusion de mes recherches me mène à penser que ce n’est pas vraiment un manque de luminosité ou de vitamine D qui amène au coup de blues saisonnier.

Alors oui, la luminothérapie peut lifter le moral et aider certaines personnes à « survivre » à cette période, mais de là à conclure que c’est le manque de lumière qui génère le « seasonal affective disorder », le coup de blues saisonnier, il y a un fossé (d’ailleurs les New Yorkais sont bien plus déprimés que les Islandais en hiver, c’est dire à quel point ce raccourci fait fausse route). Et d’après une psychologue-chercheuse, la raison serait tout autre. 

Kari Leibowitz, comme beaucoup, était une personne qui détestait l’hiver, et que la grisaille, la pluie et le froid affectaient beaucoup. Elle a eu l’idée d’aller vivre en Norvège où l’hiver dure presque toute l’année, où le jour ne se lève même pas pendant des semaines, et où il fait un froid glacial. Elle s’attendait à trouver une prévalence de dépression saisonnière énorme parmi la population mais à sa grande surprise c’était tout l’inverse. Elle a donc déduit de ses recherches que l’impact négatif de l’hiver sur la santé mentale était plus un mythe qu’un fait.

Elle ne s’est pas arrêtée là et a essayé de comprendre d’où venait l’enthousiasme pour la saison froide des populations vivant dans ces climats « hostiles ». Elle en a fait un livre, How To Winter.

Voici les grandes lignes que j’ai retenues du livre, qui pourront peut-être vous aider à vivre l’hiver d’une toute autre manière : 

  • Plus nos croyances et nos attentes (déprimantes) sur l’hiver et sa météo sont présentes, plus on va vivre un hiver dépressif. Nos pensées affectent notre réalité. En s’attendant au pire, on vit le pire. C’est l’effet nocebo ! Et comme tout le monde se plaint du temps, c’est comme si on était dans un vortex de nocebo…
  • De même qu’on se prépare à des anniversaires, à des vacances, à un voyage, à la rentrée… préparons-nous à l’hiver avec quelques semaines d’avance. Quand on est prêt, tout passe plus facilement.
  • Faisons de la semaine suivant le changement d’heure une semaine tranquille où on a peu de choses de prévues afin de s’adapter et que la transition soit bien plus douce.
  • La nature ralentit en hiver… pourquoi pas nous ? De la même manière qu’en tant que femme il est bénéfique d’adapter notre rythme à notre cycle menstruel, pourquoi refuserait-on d’adapter notre rythme à un cycle plus grand qu’est celui des saisons ? En tout cas on est bien les seuls êtres vivants à faire comme si de rien n’était et à vivre toute l’année en faisant fi des saisons. Et pire, on lutte contre notre métabolisme qui, naturellement, ralentit en hiver (il est connu que la TSH est souvent un poil plus élevée en hiver qu’en été, manifestant d’une activité thyroïdienne plus faible : notre corps nous pousse à ralentir !).
  • Ainsi, profitons de l’hiver pour ralentir, dormir un peu plus, faire un peu moins… le kiff non ? En tout cas perso, ça me réjouit 🙂
  • Plutôt que de penser que les journées sont trop courtes en hiver, pourquoi pas penser que les soirées sont super longues ?
  • Sortons prendre l’air peu importe le temps : la lumière du jour, même si on ne voit pas le soleil, est ultra bénéfique (la vitamine D n’est qu’une petite partie des bénéfices de la lumière du jour, donc ce n’est pas parce qu’on ne peut pas en synthétiser l’hiver par chez nous que voir la lumière n’a aucun intérêt). Et s’aérer change tout sur notre état d’esprit. Alors oui il faudra toujours se forcer mais une fois dehors, ce n’est jamais aussi terrible qu’on le pensait (à condition d’être habillé pour la météo bien sûr).
  • Bannir les lumières trop fortes, trop blanches, les lumières bleues, les spots, limiter les écrans, et s’entourer de lumière tamisée, faire un feu si on en a la possibilité… cela favorisera la production de mélatonine, qui à bien des égards est une sorte de « remplaçante » de la vitamine D (antioxydante, santé du système immunitaire, rythme circadien, équilibre hormonal et j’en passe).
  • Profitons de toutes les activités qu’on peut faire ou s’octroyer à ce moment de l’année : que ce soit cultiver l’art d’être cozy sous un plaid avec un thé chaud en bouquinant des heures ou en regardant un bon film (sans oublier de pointer le bout de son nez dehors de temps en temps) ou alors profiter de la patinoire, des marchés de Noël etc.

Bien sûr un accompagnement nutritionnel personnalisé peut largement aider (rendez-vous en consultation si ça vous intéresse) mais comme d’habitude la nutrition n’est qu’une pièce du puzzle de la santé, et ne dispense en rien le besoin de cultiver un mindset, un point de vue et des habitudes ou rituels plus favorables.

J’espère que tout cela vous inspire et vous permettra de vivre les prochaines semaines de manière plus douce et joyeuse qu’anticipé !